vendredi 10 mai 2013

V comme Vertige


Je m’asseyais au bord du monde, là où les goélands changent de plumage pour l’hiver. Un ciel bas et
taciturne charriait ses ombres au vent furieux.
J’aimais plonger mon regard en contrebas des falaises de craie tiède avalées par des rouleaux de mer.
Le vertige envahissait mon âme. Je voulais tomber, comme fascinée par l’appel des galets roulant leur ennui sur une plage vide.
Un lancinant tournis qui durait tant que je voulais, languide et apaisée par les ressacs.
Et pourtant, ce n'était rien. Je n'avais rien vu. Je ne savais rien du vertige avant Lui. Avant de serrer mes poings sur cette extrême sensation de manque de Lui, avant les soubresauts de ma poitrine au seul bruit de son seul nom. Je l'entends et le sang cesse d'irriguer mon cerveau.
Les chemins escarpés, les ponts suspendus, les vides abyssaux, rien n'égale l'étourdissement que me donne la seule pensée de ses lèvres sur les miennes .
Je chancelle.
Le nom devient verbe. Il me vertige. Je suis vertigée par Lui.

Texte : Célestine - Photographie : Moineau de Paris

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